Eniarduf.Thatsall

Il n'est encore que le guitariste timide aux cheveux longs.

Mercredi 14 juillet 2010 à 17:38

L'aube. Mal au dos, mal aux yeux, fatigue. Péniblement, le vieil homme sort de son lit, puis se lève. Il se tient le dos, la douleur le fait soupirer. Il traverse la chambre et ouvre son placard pour y prendre quelques vêtements, les enfiler, et descendre les quatorze marches qui le séparent de la boîte à lettre. Il empoigne le journal, se dirige vers la cuisine. Encore ces marches. Il faut monter. Avec peine, il faut se hisser là-haut. Il s'installe dans la cuisine et ouvre les nouvelles. Nous sommes aujourd'hui le douze juillet. C'est un jour important. Le jeune passe, un coup de vent. Le journal est terminé. Direction le canapé, devant le cadre sur la commode. Ne pas allumer la télévision, rester dans l'ombre et penser. Penser à quoi ? Penser au passé, relater les faits, revoir les souvenir. Entendre à nouveau cet air, le chanter, tout bas. Du mouvement de l'autre côté de la porte. Il n'a même pas l'envie - la force ? - de se lever. Il n'a pas non plus la motivation de s'occuper, d'une façon ou d'une autre, il veut simplement continuer à penser à tout cela. Il passera un bon moment ici, quelques heures sans bouger. La douleur est vive. Le corps ne suit plus, l'esprit est fatigué, en est las. Aujourd'hui, c'est son anniversaire. Cela fait bien cinquante ans qu'il fête cet anniversaire. Les années passent, certains souvenirs s'effacent, d'autres restent. C'est ainsi qu'il peut rester lui-même. Les souvenirs ne sont-ils pas les fondements de la personnalité, de l'unicité de chacun ? Ne sont-ils pas ceux qui commandent nos réactions, qui influent tous nos choix ? Que sommes-nous si nous n'avons pas de souvenirs, sinon de simples nourrissons dans des corps plus vieux ? Depuis quelques années, le douze juillet devient de plus en plus dur à supporter. Il évite de parler, pour ne pas se laisser submerger. Depuis quelques années, depuis sa mort, il ne vit plus, il survit, subsiste, comme une bougie qui tend à s'étendre. La flamme vacille, la cire fond, de plus en plus petite, la mèche continue à brûler, mais la flamme elle aussi rétrécit, pour finir pas s'éteindre. Pas parce qu'on l'a éteinte, mais parce que le temps, inévitablement, a passé.



 

Ils s'endorment un jour, et dorment trop longtemps.

Par Gil le Mercredi 14 juillet 2010 à 22:32
Qui dit oui, qui dit non ...
Par enfant-du-siecle le Jeudi 22 juillet 2010 à 15:11
Tu aimes bien parler de ces vieux.
Je préfère quand tu parles de toi, en tout honnêteté, du moins, c'est ce que j'ai envie de lire.
Néanmoins, très bien écrit, trés bien pensé, j'aime le tout.
Par Satine le Lundi 26 juillet 2010 à 18:27
c'est vrai que c'est affreusement triste d'être vieux... on ne voit plus rien, on n'entend plus rien, on est fragile comme du verre, on est dépendant des autres comme un gosse de 5 ans. Et pourtant on s'échine à faire progresser la médecine, pour vivre encore plus vieux. Vivre jusqu'à 150 ans, ok, mais pour quoi foutre?
Heureusement que de nos jours, il leur reste la télévision; ça leur permet de vivre un peu par procuration. Mais souvent j'me demande comment ils faisaient avant.

En tout cas tu écris très bien :)
 

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