Mercredi 6 janvier 2010 à 21:20
Il s'écarte.
Il reste là, mais comme inconscient, le regard dans le vide ou dans le rouge, dans le blanc ou dans le noir, dans le jaune ou dans le bleu. Il reste là sans vraiment écouter, voir, sentir. Le froid lui mords les joues, le nez, avec acharnement. Mais rien ne l'atteint. Rien, sauf peut être sa musique.
Il était debout, au milieu des autres. Son casque sur les cheveux, ses oreilles sous les cheveux, ses yeux derrière les cheveux. D'ordinaire déjà isolé du monde, son casque n'arrange rien. Cette barrière électronique entre lui et le reste, ces notes, mélodies et chants sans fin l'emportent au loin. Le regard fixé au sol, la respiration régulière, son esprit vagabonde. Il passe des fjords gelés de Norvège aux campgnes brumeuses de la Brie, de son arrêt miteux aux plaines enneigées de Sibérie. Il s'accomode au froid. Il préfère de loin cette morsure, cette fraîcheur s'insinuant partout entre les habits à la douceur apparente de la châleur qu'il supporte de moins en moins. Ses pensées le mènent de ses plus grandes espérances à ses plus grands tourments. Soudain une odeur le tire de sa rêverie. Il tousse. S'éloigne. Toujours le même manège. A chaque fois c'est la même chose. Un éclair rouge attire son attention. Il est focalisé dessus sans le regarder. Son attention ne le quitte plus. Un regard. Un frisson. On lui parle, il écoute, il aide. Encore quelques minutes dans ce froid puis il entrera dans cet entre de l'apprentissage. Ses paupières se feront fonte et il luttera de tout son être pour ne pas faire l'affront de les fermer.
Une pizza et une pause dans le train plus tard, le voila a nouveau isolé. On s'assoit au dessus de son sac mais il s'en moque. Le car arrive, il ne paye pas. Il descend à son arrêt, glisse, rentre.
Quoi de mieux qu'un bon chocolat après tout ça ?